30/10/2025 mondialisation.ca  21min #294889

Des fuites exposent la faillite de l'« opposition » biélorusse soutenue par l'Ue et les États-Unis

Par  Kit Klarenberg

Lorsque Sviatlana Tsikhanouskaya, figure de l'opposition biélorusse, s'est autoproclamée "présidente" d'un gouvernement alternatif en 2020, elle a été accueillie avec enthousiasme — et surtout comblée de fonds — par les gouvernements occidentaux qui aspiraient à destituer le dirigeant de longue date de son pays, Alexandre Loukachenko, et à éliminer l'allié régional le plus proche de la Russie de l'échiquier géopolitique. Le New York Times a donné le ton en la  glorifiant, telle une Jeanne d'Arc revisitée.

Cependant, une série de scandales publics a incité les sponsors étrangers de Tsikhanouskaya à  abandonner progressivement sa croisade impopulaire contre le gouvernement de Loukachenko. En août, on a  appris qu'elle a secrètement reçu des milliers d'euros des services secrets biélorusses en août 2020, en échange de quoi elle a publiquement supplié les manifestants de cesser leur mobilisation, avant de fuir le pays. Tsikhanouskaya a gardé cet accord secret jusqu'à ce qu'il soit révélé et tente depuis de s'en dédouaner.

Des documents et courriels divulgués obtenus par The Grayzone révèlent que le "gouvernement en exil" biélorusse de Tsikhanouskaya, autrefois tant loué, a failli se disloquer sous le poids de la corruption, de l'ambition démesurée, de l'incompétence flagrante et des luttes intestines.

Après avoir  revendiqué sa victoire à l'élection présidentielle biélorusse d'août 2020, elle est devenue la coqueluche de l'Occident. Après s'être enfuie en Lituanie, où elle a affirmé être la dirigeante légitimement élue de son pays, son combat pour un changement de régime a commencé à s'essouffler. Suite à l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, l'attention de ses soutiens à Washington et à Bruxelles s'est tournée vers le gouvernement de Kiev.

Dans l'espoir de récupérer une partie des faveurs de l'Occident, elle a formé un  Cabinet de transition uni (UTC) en  août 2022. Ce gouvernement parallèle se tenait prêt à prendre le pouvoir si Loukachenko était renversé, misant sur les sanctions paralysantes imposées à Minsk par l'Occident pour son "soutien militaire à la Russie", afin d'inverser la tendance.

Tandis que Tsikhanouskaya et sa coalition hétéroclite continuaient à récolter des centaines de millions de dollars de  contributions occidentales, ses espoirs de prise de pouvoir se sont évanouis en Biélorussie, sans parvenir à un quelconque changement concret sur le terrain. Promouvoir l'image personnelle de Tsikhanouskaya auprès du public occidental, voilà le seul exploit réalisé.

Alors que ses espoirs de prendre le pouvoir à Minsk s'amenuisent, des documents divulgués et examinés par The Grayzone révèlent que Bruxelles et Washington étaient convaincus qu'elle pouvait encore y parvenir et ont injecté d'importantes ressources dans diverses initiatives visant à promouvoir son "gouvernement alternatif".

Le Fonds européen pour la démocratie (EED) a ainsi accordé une subvention confidentielle de douze mois pour

"accroître la reconnaissance et la légitimité" de l'UTC en tant que "gouvernement alternatif d'ici la fin de l'année 2024 auprès des citoyens biélorusses et de la communauté internationale".

L'EED s'est dite "fière d'être nommée et soutenue" par  le gouvernement américain et le National Endowment for Democracy, un organisme américain qui a  décerné à Tsikhanouskaya sa médaille du service de la démocratie en 2024.

Les documents divulguant cette subvention montrent que le projet secret de l'Endowment pour porter Tsikhanouskaya au pouvoir consistait à mettre en place une structure gouvernementale parallèle en exil. Cela comprenait notamment la production d'un "nouveau passeport national… reconnu internationalement" géré par l'UTC, ainsi que la fin du soutien de Minsk à la guerre menée par la Russie contre l'Ukraine et l'Occident. Ces mesures étaient destinées à jeter les bases d'une "future Biélorussie démocratique"dirigée par l'UTC.

Le cabinet de Mme Tsikhanouskaya avait également pour mission d'élaborer une

"stratégie globale pour la transition démocratique" en Biélorussie, en définissant "une feuille de route claire pour le transfert du pouvoir du régime actuel à un gouvernement démocratique, y compris des actions et des protocoles spécifiques aux différentes étapes de la transition".

Le cercle de Tsikhanouskaya prévoyait d'étendre son influence en établissant une "représentation permanente" à Kiev, manifestant sa solidarité avec l'Ukraine face à l'agression russe, et en se positionnant fermement dans le camp anti-Moscou de l'Occident.

Les fuites illustrent en détail comment l'UTC s'est disloqué sans parvenir à atteindre ces objectifs ambitieux. Si elle a satisfait ses sponsors occidentaux en adoptant une position résolument pro-UE et un ton belliqueux envers la Russie, le revers de la médaille a savonné la planche de sa débâcle publique.

L'UTC commet un suicide politique avec sa politique anti-russe et pro-UE

Au début du mois d' août 2023, le cabinet de transition unifié (UTC) de Tsikhanouskaya a convoqué un sommet à Varsovie, en Pologne, sur le thème "Nouvelle Biélorussie". Une occasion en or pour la présidente par intérim et ses acolytes de l'UTC de restaurer leur visibilité et leur popularité auprès du public occidental.

Les documents confidentiels de la conférence révèlent que l' United Transitional Cabinet (UTC) a saisi cette occasion pour présenter une série de propositions osées.

L'administration fantôme autoproclamée de Tsikhanouskaya s'est engagée à adopter une "perspective européenne pour la Biélorussie", comprenant l'adhésion à l'UE et la création d'un "passeport national de la nouvelle Biélorussie" distinct, qui permettrait aux dissidents de voyager sans visa dans toute l'Union. La proclamation de l'UTC a pris des accents viscéralement anti-russes, appelant au "retrait de la Biélorussie" de toute "alliance" avec Moscou, ainsi qu'au retrait des installations militaires, des armes et des troupes russes du pays.

L'UTC s'est engagée, après l'improbable potentielle destitution de Loukachenko, à soutenir les

"volontaires biélorusses en Ukraine" qui combattent les forces russes, à appuyer les "initiatives et campagnes pro-ukrainiennes" et à mettre fin à ce qu'elle a qualifié de "complicité de Minsk dans la guerre menée par la Russie".

Si ces positions se sont avérées opportunes pour satisfaire l'opinion publique européenne et américaine, elles ont néanmoins précipité le déclin de sa  popularité déjà en berne dans son pays. Les sondages occidentaux  montrenten effet que, si la situation se détériore, la plupart des Biélorusses, quel que soit leur âge, sont favorables à une  intégration plus poussée avec la Russie plutôt qu'avec l'Union européenne.

Ces affinités pro-Moscou de longue date expliquent pourquoi Tsikhanouskaya a évité de prôner ouvertement des politiques russophobes lors de sa campagne présidentielle de 2020. Cette année-là, le "Conseil de coordination" de l'opposition de Tsikhanouskaya a adopté une  résolutionselon laquelle, si elle prenait le pouvoir, Minsk ne se détournerait pas de la Russie et que "l'ordre constitutionnel et la politique étrangère" du pays demeureraient inchangés.

À l'instar de nombreux libéraux européens, la vision de Tsikhanouskaya de la politique étrangère a radicalement changé après le début de la guerre par procuration en Ukraine. Cependant, bien que la conférence d'août 2023 ait été  favorable à Tsikhanouskaya, le média OpenDemocracy a proposé une  évaluation accablante du revirement pro-occidental soudain de l'UTC.

Selon le média, la pression  agressive de Tsikhanouskaya en faveur de l'adhésion à l'UE et sa posture subitement belliqueuse à l'égard de la Russie révèlent à quel point elle et son entourage étaient "déconnectés" des composantes de l'opposition au Bélarus et de l'opinion publique, qui ont estimé que l'UTC était "de plus en plus éloignée de leurs préoccupations". Quoi qu'il en soit, OpenDemocracy a noté que Tsikhanouskaya et ses comparses n'exerçaient à ce stade qu'une influence limitée dans le pays, et que leurs partisans en exil étaient  plus désabusés que jamais quant aux perspectives de l'UTC. En se rapprochant de l'Occident, Tsikhanouskaya a pris le risque, selon le média, de sombrer dans les oubliettes.

Sans s'inquiéter de leur isolement croissant, Tsikhanouskaya et son UTC ont redoublé d'efforts. Le passeport "Nouvelle Biélorussie" est devenu un élément central de leur croisade. Au départ, cette initiative a suscité un  intérêt médiatique considérable et les parlementaires européens ont  appeléles États membres de l'UE à reconnaître la légitimité de ces documents.

Mais cette initiative s'est rapidement heurtée à des querelles internes concernant le financement et la responsabilité du projet, entraînant finalement la démission d'un membre fondateur du "gouvernement en exil" de Tsikhanouskaya.

Le passeport alternatif "Nouvelle Biélorussie" : fiasco ou fraude ?

Début juin 2024,  Valery Kavaleuski, militant de longue date de l'opposition biélorusse et vice-président chargé des affaires étrangères de l'UTC, a engagé un échange de courriels houleux avec Tsikhanouskaya au sujet de l'avancement du passeport "Nouvelle Biélorussie", ou plutôt de son inexistence. Quelques semaines plus tôt, le Centre d'investigation biélorusse, financé par l'Occident, a  révélé qu'une imprimerie lituanienne chargée de produire les documents avait des liens avec Viktor Shevtsov, un homme d'affaires biélorusse surnommé "le portefeuille de Loukachenko" en raison de ses liens étroits avec le président.

Dans la correspondance divulguée, Kavaleuski s'est dite soulagé que ces révélations aient été faites avant la signature du contrat avec l'imprimerie. "Nous avons vraiment eu de la chance… nous aurions été démolis" a-t-il écrit. Il a également noté que le projet interne de création était truffé d'erreurs, comme la mention de la "République de Biélorussie" au lieu de "Biélorussie", et la représentation erronée de la frontière lituanienne sur la carte interne, le territoire lituanien étant attribué à Minsk. M. Kavaleuski a fait remarquer : "Heureusement, nous n'avions pas encore lancé l'impression".

Toutefois, le projet de passeport avait échoué sur d'autres points lors des dix mois précédents. Les courriels montrent que plusieurs pays, dont l'Islande et la Lituanie, ont proposé de servir d'autorités émettrices, mais ont ensuite fait machine arrière. De plus, M. Kavaleuski semblait avoir une compréhension limitée du fonctionnement interne du projet, alors qu'il était censé en être le directeur.

Tsikhanouskaya l'a informé qu'"aucun fonds distinct n'était spécifiquement alloué au projet de passeport" et que "chaque dépense, chaque initiative" doit être "approuvées individuellement" par les donateurs de l'UTC. Kavaleuski a répondu avec perplexité : "Cela contredit les informations initiales concernant la subvention Soros, sur laquelle j'ai également travaillé". Selon les termes de cette subvention non divulguée publiquement, "il y avait de l'argent pour les équipements" destinés spécifiquement à la production des passeports, a-t-il affirmé.

Kavaleuski lui a rappelé ce qui lui avait été dit : le projet de passeport serait "financé par des fonds biélorusses, afin de préserver autant que possible votre subvention". Il a alors qualifié cette idée de "ridicule" et d'"approche dépourvue de tout lien avec celui de l'État". Il a également objecté que "l'argent ne doit pas disparaître dans une ‘coordination' qui échappe à ma connaissance et à mon contrôle". La subvention divulguée de l'European Endowment for Democracy stipulait que le passeport ne serait qu'un "produit"dédié, suggérant ainsi que d'autres fonds alloués au projet auraient également pu être empochés par Tsikhanouskaya.

Tsikhanouskaya a rejeté la responsabilité de cet échec sur Kavaleuski, soulignant ses promesses non tenues de lancer des campagnes de financement participatif pour soutenir l'initiative, ainsi que son incapacité à mettre en place les infrastructures appropriées, notamment un "bureau de délivrance", avant d'embaucher des professionnels pour produire et certifier le passeport "Nouvelle Biélorussie". Visiblement outré, Kavaleuski a répliqué :

"Merci pour vos sarcasmes, je commençais à manquer de toxines".

Lisez la traduction de l'intégralité de l'échange d'e-mails entre Tsikhanouskaya (surligné en jaune) et Kavaleuski (surligné en gris)  ici.

"Lassée" des "ultimatums", Tsikhanouskaya perd son adjoint.

Kavaleuski a fait une dernière tentative pour sauver le projet de passeport en proposant d'engager un

"expert suisse" qui "apporterait non seulement son expérience et son expertise, mais aussi son nom et ses relations, et pourrait résoudre un problème en une heure ou une journée, alors qu'il nous faudrait un mois".

Cette proposition faisait suite à de multiples démarches pour trouver des spécialistes des passeports au cours des dix mois d'existence du projet, mais toutes ont échoué.

Kavaleuski s'est également dit prêt à reprendre la direction du projet, afin de pouvoir prendre

"les décisions relatives à l'embauche des responsables, les décisions financières au stade de la création de l'autorité émettrice, le recrutement d'avocats et des actions de communication", et de disposer d'un budget dédié à l'initiative. Il a cependant averti : "Si vous rejetez l'une de ces propositions, ou même une seule d'entre elles, je me retirerai de mon mandat de responsable du projet Passeport".

Kavaleuski semblait fondé à adopter une position aussi ferme. La veille, Tsikhanouskaya lui a ordonné de "cesser toute communication publique" sur le projet de passeport et de le lui transférer intégralement, affirmant que "les gens se moquent déjà de vous". Elle a refusé de nommer ces prétendues critiques, tout en refusant systématiquement de répondre à ses questions sur l'avancement du passeport, l'enquête, la gestion de la crise et les prochaines étapes. Dans les e-mails suivants, Tsikhanouskaya s'est montrée dédaigneuse et évasive vis-à-vis de son collègue.

La directrice de l'UTC a suggéré que Kavaleuski était déjà "responsable et chargé" du projet, et disposait de toute l'autorité nécessaire pour le mener à bien, mais qu'il n'avait fait que créer "des conflits avec tous les soutiens potentiels". Tsikhanouskaya n'a pas non plus réagi à sa menace de démission si ses demandes n'étaient pas satisfaites, lui reprochant :

"Je suis lassée à l'idée de devoir réagir à vos ultimatums". Elle l'a invité à "décrire précisément" son rôle, "vos domaines de compétences et ceux que vous pouvez réellement assumer.

"Je vois que vous cumulez les tâches et je crois en vos efforts sincères pour organiser le travail malgré toutes les difficultés. Mais il me semble que vous en faites trop", a écrit Tsikhanouskaya. "Le projet de passeport nécessite une implication à plein temps, et vous n'avez tout simplement pas le temps nécessaire. Les conflits internes vous prennent également beaucoup d'énergie. Voilà ce que vous appelez être ‘responsable' : une année entière perdue, pour ensuite vous dégager de toute responsabilité".

Le 26 juin 2024, Kavaleuski a mis son ultimatum à exécution en informant ses "collègues et partenaires" de sa démission de l'UTC. Adoptant un ton diplomatique, il a déclaré que

"servir le peuple biélorusse au sein de l'équipe de Sviatlana Tsikhanouskaya a été un honneur" et a remercié les membres de l'équipe pour leur "soutien sincère", grâce auquel l'UTC a pu "réaliser de nombreuses initiatives audacieuses en matière de politique étrangère, dont certaines sans précédent". Il a exprimé son espoir de voir les Biélorusses "réussir à restaurer la souveraineté et à préserver l'indépendance de notre nation", avant de conclure par "Vive la Biélorussie !"

Moins d'une heure plus tard, Damon Wilson, président-directeur général de la National Endowment for Democracy (NED), a semblé perplexe en apprenant la démission de Kavaleuski :

"Merci de m'avoir informé. J'aimerais mieux comprendre. Envisagez-vous de passer par Washington ?"

Cette réponse de Wilson semble indiquer que le fonctionnement interne de l'UTC est resté un mystère pour ses soutiens occidentaux. Ce courriel est arrivé quelques semaines seulement après que le  NED a remis à Tsikhanouskaya sa médaille annuelle consacrée aux services rendus à la démocratie. On ignore toujours le montant de l'argent que le NED lui a offert, argent qui a fini par se perdre "dans la coordination".

La collaboration avec les services secrets biélorusses a-t-elle sonné le glas de Tsikhanouskaya ?

En janvier dernier, le premier passeport "Nouvelle Biélorussie" a  finalement été délivré. Cependant, aucun pays ne reconnaît la légitimité de ce document, qui ne peut être utilisé à des fins officielles ou pour voyager où que ce soit dans le monde. Même les autorités du pays d'adoption de Tsikhanouskaya  rejettent sa légalité. Remigijus Motuzas, président de la Commission des affaires étrangères du Parlement lituanien, a fait remarquer que les exilés biélorusses ont toujours eu recours à d'autres moyens pour obtenir des documents d'identité locaux. Il a néanmoins suggéré que ces "passeports" alternatifs peuvent toujours être achetés à des fins "symboliques".

Quelle que soit le succès revendiqué par Tsikhanouskaya grâce à la délivrance de ce passeport, il a été rapidement anéanti par une succession de scandales majeurs au cours des mois suivants.  En juin, le Comité norvégien d'Helsinki a publié un audit accablant sur l'organisation d'aide à l'opposition biélorusse  BY Help,  étroitement liée à l'UTC. L'enquête a révélé d'importantes irrégularités financières, notamment des reçus falsifiés ou manquants, un non-respect systématique des obligations déclarées, des normes comptables risibles et une protection des données aléatoire, entraînant une  fuite massive d'informations internes. BY_Help a négligé d'informer les parties concernées, en violation du protocole de base.

Quelque temps plus tard, l'organisation d'"aide" biélorusse  BYSOL,  étroitement liée à la précédente, s'est vue impliquée dans une série de controverses après que plusieurs femmes bénévoles et membres du personnel ont accusé son directeur, Andrey Stryzhak, de  harcèlement sexuel. Ce dernier a menacé de punir financièrement et de diffamer ses victimes en les traitant d'agents du KGB si elles osaient parler. En septembre, BYSOL a  limité les responsabilités de Stryzhak, mais l'a maintenu à son poste.

Un mois plus tôt,  des images ont été diffusées montrant Tsikhanouskaya acceptant secrètement 15 000 euros des services de sécurité biélorusses en août 2020, après l'élection présidentielle à Minsk. En échange, elle a accepté d'enregistrer une vidéo dans laquelle on l'entend encourager les manifestants à cesser les affrontements avec la police, et a obtenu ainsi un passage sûr vers la Lituanie. Dans la vidéo, elle semblait parfaitement heureuse et sereine, plaisantant avec les agents des services de sécurité et évoquant son départ pour Vilnius.

Le contenu de cette vidéo contrastait fortement avec le récit de Tsikhanouskaya sur sa fuite forcée du pays, tel qu'elle l'a raconté dans une  interview à la  BBC en juin 2025, intitulée "J'étais mère au foyer jusqu'à ma candidature à la présidence". Elle y affirme que les services de sécurité l'ont fait chanter et menacée pour qu'elle s'enfuie, sous peine d'être emprisonnée et séparée de ses enfants, qui risquaient alors d'être maltraités dans des orphelinats gérés par le gouvernement.

Elle a ensuite déclaré à la chaîne publique britannique avoir résisté pendant de nombreuses heures, mais que "la mère en elle avait gagné la bataille",finissant par accepter de partir sous la contrainte, n'ayant que 20 minutes pour fourrer quelques effets personnels dans un sac à dos avant son expulsion. En réalité, ses enfants avaient été  mis en sécurité à Vilnius plusieurs mois auparavant.

Les déclarations mensongères de Tsikhanouskaya concernant son départ de Biélorussie ont suscité de  vives condamnations de la part de certains membres de l'opposition locale. Certains affirment même qu'elle ne voulait pas être à Minsk pendant les élections et qu'elle avait cherché à fuir le pays avant. On ignore si ces révélations accablantes ont joué un rôle dans la récente décision des autorités lituaniennes de  réduire la protection dont elle bénéficiait de la part de l'État.

Depuis 2020, Vilnius a  dépensé environ 1 million d'euros par an pour assurer la sécurité de la prétendante à la présidence, avec une protection 24 heures sur 24, sur place comme à l'étranger, des voitures d'escorte, l'entretien d'une propriété somptueuse mise gratuitement à sa disposition, ainsi qu'une série d'avantages lucratifs. Des centaines de milliers d'euros ont également été dépensés pour des espaces VIP où elle recevait des invités étrangers.

La prétendante à la présidence a désormais  jusqu'à novembre pour quitter sa luxueuse résidence de Vilnius, fournie par l'État. Entretemps, les relations entre Minsk et Washington se sont  miraculeusement réchauffées depuis la  libération en septembre de prisonniers contre un allègement des sanctions. Les diplomates biélorusses ont  engagé des pourparlers avec leurs homologues européens, cherchant à obtenir un nouvel assouplissement des restrictions économiques et le rétablissement des relations diplomatiques.

Tous les ingrédients sont désormais réunis pour assister à l'effondrement total de la mascarade de Tsikhanouskaya financée par l'Occident. On ignore toutefois si sa chute entraînera une remise en cause de l'UE et des États-Unis, qui ont gaspillé des sommes colossales pour promouvoir son culte de la personnalité sans effet, tout en discréditant le véritable mouvement d'opposition biélorusse.

Kit Klarenberg

Article original en anglais :  Leaks expose collapse of EU/US-backed Belarusian ‘opposition', The Grayzone, le 30 octobre 2025

Traduit par  Spirit of Free Speech

La source originale de cet article est  The Grayzone

Copyright ©  Kit Klarenberg,  The Grayzone, 2025

Par  Kit Klarenberg

 mondialisation.ca